Geignant, remuant, tous se levèrent, / Sans un mot, yeux toujours ouverts; / C’était étrange comme en rêve, / De voir tous ces morts qui se lèvent. / L’homme de barre conduisait / Le bateau sans vent avançait ; / Tous les marins à leur cordage. / Ils faisaient tout comme jadis, / Levant les bras, outils sans vie – / Quel abominable équipage.
THE RIME, d’après LA BALLADE DU VIEUX MARIN de Coleridge est une installation/performance qui vise à interroger certains fondamentaux du théâtre dans une forme légère et ambulatoire. C’est un dispositif autonome qui s'adapte et se greffe à un espace extérieur de préférence, pour 50 à 100 visiteurs. La pièce dure une heure, sans gradinage, dans un dispositif musical immersif en résonance avec l’installation plastique. C’est là que jaillit le poème …
LA BALLADE DU VIEUX MARIN est un poème de Samuel Taylor Coleridge de 1798, une histoire fantastique et noire des débuts du romantisme anglais. Celui dont parle le poème n'est pas un héros et encore moins un grand homme. Il n'a pas de nom. Pas plus que celui qui l'écoute. L'un est un marin. L'autre un fêtard. Mais le poème n'est pas non plus un dialogue. Quelqu'un raconte qu'un marin arrêta un jour de noces un fêtard pour lui conter son terrible voyage... Sa malédiction de survivant.
Comme un épilogue à SOLARIS, la précédente création de la compagnie ROSEBUD, il s'agit là aussi de la réponse énigmatique de la nature au geste fou d'un homme, du chemin d'un être humain pour reconnaître l'altérité absolue et la gratuité de la beauté qui l'entoure.
Il y a de la transe dans ce poème, comme celle que produit, dit-on, la tarantelle pour ceux qui ont été piqués par l'araignée dont le venin active chaque année leur mélancolie. Mais Le Dit du vieux marin a l'effet inverse de la musique de fête du mariage qui résonne tout près : il transforme un noceur enthousiaste en un homme “plus triste, mais aussi plus sage”.
T H E R I M E propose à une poignée d’invités, une installation plastique et sonore depuis laquelle surgira le poème, sans prévenir, de manière presque inattendue. Ce serait, à la manière du poème, raconter quelque chose à quelqu'un qui ne veut pas entendre. Ce serait comme croiser, en transit, un inconnu et recevoir son récit, oublier son visage, n'avoir jamais connu son nom mais garder inscrit comme un tatouage dans sa mémoire, son histoire.